Chers Amis,
Le Carmel – comme toute famille religieuse – s’insère dans une tradition qui appar-
tient à celle même de l’glise. La Tradition ecclésiale comprend tout ce qui contribue à
conduire la vie du Peuple de Dieu et à en augmenter la foi, à partir de la prédication
apostolique qui se trouve spécialement exprimée dans les Livres de la Sainte Écriture.
Aussi cette Tradition, venant des Apôtres, se poursuit-elle dans l’glise qui, au plan de
sa doctrine, de sa vie et de son culte, perpétue et transmet à chaque génération ce qu’elle
est elle-même et ce qu’elle croit. Comme telle, l’glise tend vers la plénitude de la vérité
divine et témoigne du Christ, « Lumière véritable qui éclaire tout homme » (Jn 1,9).
Lorsque nous empruntons le chemin de la Tradition vivante de l’glise, nous décou-
vrons toujours plus profondément le sens de l’histoire de l’humanité qui s’accomplit
comme histoire du salut, car le monde qui est le nôtre - avec ses paradoxes - est sauvé
définitivement dans le Christ. Sommet du monde et de l'histoire, le Christ synthétise en
effet le temps avant et après lui, et vient restaurer en lui l’quilibre harmonieux du cos-
mos qui tend vers l’homme racheté, guéri et resplendissant de la gloire de Dieu. Saint
Paul n’affirme-t-il pas à cet égard : « Lorsque toutes choses lui auront été soumises, alors
le Fils lui-même se soumettra à Celui qui lui a tout soumis, afin que Dieu soit tout en
tous » (1 Co 15,28).
Or, considérer la tradition de notre famille carmélitaine, placée sous le patronage de
Notre-Dame, c’est faire mémoire – dans l’aujourd’hui de notre confession et de notre
expérience de foi – de l’uvre de Dieu qui appelle des hommes et des femmes à être, par
le don de l’Esprit, témoins de sa présence. Aller aux origines de notre Ordre, ce n’est
donc pas nous réfugier dans un passé révolu, mais reconnaître un charisme, c’est-à-dire
un don de l’Esprit qui fructifie, au long des siècles, dans le sens de l’dification du Corps
ecclésial tout entier. La Règle du Carmel, donnée par saint Albert de Jérusalem, rend
compte de ce charisme en proposant une « formule de conversion » consistant essentielle-
ment « à vivre dans la dépendance de Jésus-Christ » et à « le servir d’un cœur pur et
d’une bonne conscience. »
Au XVIème siècle, le charisme du Carmel fut accueilli par sainte Thérèse de Jésus
Lettre aux Amis des Frères Carmes
Province d’Avignon–Aquitaine — Janvier 2006