à son couvent de Séville, frère Thomas
expose au P. Doria, Vicaire Général,
son projet de fondation. Cette première
entrevue s’avère infructueuse.
En 1592, cette fois avec le soutien
de frères alors titulaires de charges im-
portantes dans l’ordre, Thomas renou-
velle sa tentative. Non sans peine, le
jeune frère fait parvenir son manuscrit
à Doria. Voici la relation qu’il en fait :
« Comme l’heure de Dieu avait sonné, le Père
Général, qui ne se souvenait plus des objections
faites à Séville, approuva pleinement le pro-
jet.[Il fit appeler le P. Thomas et lui dit] :
Vous devez me croire bien relâché, puisque
vous ne venez pas directement avec moi traiter
de cette affaire. Il déclara aussitôt que cette en-
treprise était celle qui convenait le plus à l’Or-
dre, et qu’aucune autre ne pouvait lui plaire
davantage. »
Le soutien du Général étant acquis,
reste à passer à la réalisation : les déci-
sions et approbations sont d’autant
plus vite obtenues que plusieurs frères
– dont des membres du Définitoire
Général – sont déjà très engagés dans
l’affaire. Puisque la Règle est la source
première du projet, il suffit de mettre
en pratique son chapitre deuxième : on
se met donc en quête de lieux vastes, à
l’écart, propices à la construction de
« cellules particulières et séparées ». Le
Saint Désert de Bolarque naît ainsi à la
mi-août 1592, sur les bords du Tage,
non loin de Pastrana. La vie y débute
dans des conditions matérielles qui
rappellent la fondation de Duruelo
presque 25 ans plus tôt : les quatre pre-
miers frères – à la tête desquels est
nommé, non pas le frère Thomas,
mais le frère Georges de la Mère de
Dieu – passent leur première nuit sous
une hutte de branchages !
L’aventure des Saints-Déserts thé-
résiens est lancée et d’autres fonda-
tions suivent rapidement dont le
Saint-Désert de Las Batuecas en 1599
par les soins du Père Thomas lui-
même.
Or la destinée du Père Thomas est
elle-même éclairante pour saisir la vo-
cation des Saints-Déserts dans un
ordre apostolique au sens le plus large :