Lettre aux Amis des Frères Carmes Déchaux

    Lourdes 15-17 juillet 2007.
Veillée pénitentielle.
Veillée pénitentielle du 15 juillet 2007 sur l'Evangile de Bartimée.

Méditations du fr. Stéphane-Marie.
Méditations pour les offices célébrés lors du pèlerinage à Lourdes

Conférence du fr. Thierry Joseph.
Conférence du fr. Thierry Joseph, le 17 juillet 2007, sur la Miséricorde chez Elisabeth de la Trinité.

Homélie du fr. Jean Marie Joseph (15/07/2007).
Homélie du fr. Jean Marie Joseph au Carmel de Lourdes, le 15 juillet 2007, sur l'évangile du Bon Samaritain, pour le 15° dimanche du Temps Ordinaire, année C.

Homélie du fr. José (16/07/2007).
Homélie du fr. José, le 16 juillet 2007, pour la fête de Notre Dame du Mont Carmel.

Homélie du fr. Marie-Laurent (17/07/2007).
Homélie du fr. Marie-Laurent, sur Exode 2, le 17 juillet 2007.

Photos du pèlerinage.
Quelques photos du pèlerinage à Lourdes du 15 au 17 juillet 2007.
    Homélie du fr. José (16/07/2007).

Dans la tradition du Carmel, le petit nuage que le prophète Élie voit monter de la mer est une image de la Vierge Marie qui vient nous apporter l’eau de la grâce du Christ. Mais si vous avez remarqué, Elie ne reste pas tranquillement sur le mont Carmel, en compagnie d’Achab, à attendre cette venue. Au contraire, il ordonne : « descend de la montagne ! » Et Elie lui-même descendra devant Achab. On pourrait être surpris : le Seigneur vient juste de se révéler comme le seul vrai Dieu, les prophètes de Baal d’être reconnu comme idolâtre, et tout ça, aux yeux du peuple d’Israël et du roi. Ce qui s’est passé lors du sacrifice du mont Carmel fut une bonne chose, il n’y a aucun doute, et pourtant, l’ordre est clair : « descend de la montagne ! » Alors, je nous invite tous à la descente du mont Carmel, et à rechercher la véritable montagne de Dieu.

En effet, nous avons tous notre mont Carmel, notre montagne intérieure, clinquante, avec des sacrifices grandioses, où tombe le feu du ciel, où nous sommes reconnus serviteur de Dieu, où nous mettons à mort les 400 prophètes de Baal. Mais, nous avons tous à cheminer vers cette montagne où il n’y a plus les V.I.P.[1] de notre jet-set intérieure, aussi pieuse soit-elle. Sur le mont Carmel, Dieu s’est certes révélé, mais Il n’a rien dit à Elie. Il a fallu que le prophète quitte le mont Carmel, marche 40 jours et 40 nuits, et atteigne l’Horeb pour entendre Dieu lui parler dans le silence.

Et nous, sur quelle montagne sommes-nous ? Sommes-nous devant le Dieu qui parle dans le tonnerre et le feu, ou sommes-nous devant le Dieu qui parle dans la brise légère ?...

« Descend de la montagne ! » Vous pourriez me demander : « pour aller où ? » Je répondrai : « vers le Christ. » L’oraison de la fête de Notre Dame du Mont Carmel nous dit que la véritable montagne, c’est le Christ. Et l’évangile nous présente le Christ élevé de terre sur le mont Calvaire. Ici, nous pourrions nous poser une nouvelle question : où est ce mont Calvaire pour nous aujourd’hui ? Où est ce lieu où le Christ est glorifié, où Marie nous est donnée pour mère et où nous devenons ses enfants, où tout est réconcilié dans le Christ ? Eh bien, c’est notre cœur, car c’est le lieu de tous nos combats, le lieu où notre péché est tapi, le lieu où nous crucifions le Christ par tous nos mauvais choix. Et paradoxalement, notre cœur est le lieu où le Christ crucifié est glorifié, où la grâce du Saint-Esprit jaillit à flot et c’est là que le Christ nous dit : « voici ta mère. » « Descend de la montagne ! » Il faut bien plus de courage pour accepter de descendre et de s’asseoir à la table des pécheurs que pour monter et être au top niveau de notre impeccabilité spirituelle. Pourtant, le Christ lui-même n’a pas eu peur de s’abaisser jusqu’à nous…

C’est donc tout un chemin de conversion qui est proposé. Et ce chemin prendra pour chacun de nous une forme bien concrète. Prenons deux exemples. Puisqu’on est à Lourdes, Bernadette. Elle est aussi descendu de son mont Carmel : dans son cas, c’était la grotte, et elle est partie pour la montagne de Dieu, qui pour elle s’appelait Nevers. Et voyez quelle fécondité ! Autre exemple, la Vierge Marie. Elle a aussi eu son mont Carmel : Nazareth, l’ange Gabriel, Bethléem, les bergers, les mages, et puis un jour, le Calvaire. Et paradoxalement, c’est là qu’elle est devenu notre Mère à tous.

Celui qui fait l’unité et le cœur de ces deux expériences de vie et qui leur donne toute leur fécondité, c’est le Christ, la montagne véritable. Seul le Christ réconcilie toutes choses en Lui. Seul le Christ unie notre mont Carmel intérieur avec le lieu où Il est crucifié et glorifié, car, comme le disait le P. Marie-Eugène : « au sommet du mont Carmel, on est crucifié avec le Christ et on est tout donné aux travaux pour sa gloire. » Si tout notre être devient ce lieu où le Christ est glorifié, alors comme Elie, Bernadette et la Vierge Marie, nous serons une bénédiction pour tous nos frères en humanité, car nous seront parvenu à la montagne véritable.

En conclusion, je voudrais simplement vous laisser avec Edith Stein. Je crois que ces quelques lignes expriment aussi quelque chose du mystère qui se vit ici à Lourdes :

« Lève les yeux vers le Crucifié. Liée à Lui, tu seras présent partout, comme Il l’est aussi. Non pas ici ou là, mais sur tous les fronts, en chaque lieu de désolation – présent dans la force de la croix. Ton amour compatissant, l’amour qui vient du cœur divin, te portera partout, et partout répandra son sang précieux – qui apaise, qui guérit, qui sauve. »




[1] Abréviation de l’anglais : Very Important Person.